[…] Samedi dernier (dans un beau salon particulier, place des Vosges), j’ai donné ma conférence sur La Peur existentielle devant une large assemblée de personnes distinguées, mais assez mélangées : et l’auditoire, semble-t-il, a été beaucoup plus touché que je ne m’y attendais. Evidemment, ma très simple Weltanschauung, aphilosophique, presque expérimentale d’un « Univers convergent » est très séduisante pour un esprit moderne. J’ai dû bien sûr souligner une fois de plus ma croyance dans le fait que le monde serait un échec si quoi que ce soit d' »incommunicable » et de « personnaliste » devait en disparaître ; ce qui veut dire que, selon la structure cosmique, chaque centre aimant et chaque association aimante des centres aimants est irréversible, c’est-à-dire « immortel », tout au moins en ce qui concerne l’amour qu’il contient.
Vu sous cet angle l’amour est biologiquement et physiquement le principe et la mesure de l’immortalité. Je crois que je vais écrire quelque chose là-dessus au printemps prochain (« Le Cœur de la Matière », vous êtes au courant). J’ai l’impression bizarre de n’avoir jamais été aussi « fragile » de corps (pourtant je me sens très bien), et en même temps si « fort » en esprit, que depuis que j’ai eu ces ennuis de santé, il y a deux ans. Je vous le dis : nous devons nous en remettre à la Vie et à ce qui est derrière la Vie. La plus haute et la plus efficace forme de vie spirituelle est la confiance, – qui n’est rien d’autre qu’un côté différent de l’Amour. […]
Accomplir l’Homme – Lettres inédites (1926-1952), Grasset, 1968, p. 236-237.
Extrait proposé par Arnaud de Bussac
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