Témoignages d’auteurs

Témoignages d’auteurs

 

Teilhard vu par Jacques Arnould
1- Extrait de la postface de son ‘Teilhard de Chardin’  :
« ..Pierre Teilhard de Chardin est mort en 1955. Des monts d’Auvergne aux gratte-ciel new-yorkais, des tranchées de la Première Guerre mondiale à la Chine occupée par les Japonais, des falaises anglaises aux rives de la Mer Rouge, des forêts d’Asie aux collines d’Afrique du Sud, ce jésuite n’avait rien ignoré de ce qui était humain. Géologue, il avait pris au sérieux les travaux de ses collègues sur l’évolution du vivant et s’était intéressé aux traces de nos premiers ancêtres. Religieux et mystique, il avait vécu son engagement au sein de la Compagnie de Jésus avec une fidélité sans faille, malgré les sanctions dont il a été l’objet. Aventurier, il avait partagé la vie de la Croisière Jaune et celle de Henry de Monfreid. Il n’avait jamais cessé de chercher à unir sa quête et son intelligence de Dieu, avec son amour pour les hommes et les femmes de son temps. Cinquante ans après sa disparition, a-t-il encore quelque chose à nous dire ? Moi-même religieux, engagé dans le monde des sciences et des techniques, invité à répondre à cette question, je ne me suis pas tant intéressé à ses idées et à leur diffusion durant la seconde moitié du XXe siècle qu’à la vie même du jésuite : c’est l’homme, le phénomène Teilhard, pourrais-je dire, que j’ai ainsi découvert. Avec sa noblesse et son intelligence, son courage et sa générosité ; avec ses craintes aussi et ses hésitations, ses troubles et ses erreurs. Et si je savais déjà que ce gentilhomme de Dieu était de la trempe des géants, j’ai découvert en lui un grand frère sur les épaules duquel il fait bon se jucher ! »
 
2- Extrait d’un article paru dans ‘Notre Histoire’
10 avril 1955, New York, six heures du soir. Au soir de la fête de Pâques, un jésuite passe un moment de détente avec des amis. Une habitude pour cet homme, aux activités débordantes et dont les loisirs ont toujours été consacrés à l’amitié. Soudain, il s’effondre, sous le coup d’une hémorragie cérébrale. Pierre Teilhard de Chardin, le «pèlerin de l’avenir», l’homme aux semelles de vent, l’arpenteur de tant de déserts africains et extrême-orientaux, a accompli son ultime voyage, son ultime passage : il a enfin rejoint Celui qui, à ses yeux, se trouve au cœur de la matière universelle, le Christ.
 
Ce voyage, il l’avait commencé trois quarts de siècle auparavant. Né le 1er mai 1881, en Auvergne, près de Clermont Ferrand, il avait hérité de sa noble lignée non seulement une fière devise, De feu est leur énergie et céleste leur origine, mais aussi une belle humanité de gentilhomme, de parfait homme du monde. «Un homme plus que charmant, séduisant», écrit de lui une de ses amies, Claude Rivière, qui, avec tant d’autres, retient son «merveilleux sourire, où affleure et rayonne toute la flamme dont brûle son cœur. Cœur chaleureux, débordant d’amour pour tout et pour tous. Coeur d’une indulgence et d’une bonté sans limites». «He was a good man » disent, dans leur peine, le liftier ou la femme de chambre de l’hôtel où il était descendu, lors de son dernier séjour dans la mégapole nord-américaine. On a tant écrit sur Teilhard de Chardin, sur sa pensée prophétique, son audace, ses erreurs ; mais a-t-on toujours suffisamment pris la mesure de ce qui pourrait bien être son œuvre la plus convaincante, sa vie elle même et, avant tout, son extraordinaire don pour l’amitié ?
 
«La terre est ronde, a dit un jour le Père, pour que l’amitié en fit le tour ». Et lui, en faisant le tour du monde, n’a pas cessé de créer un impressionnant tissu d’amitiés. Sans doute, les «enne­mis» ne lui ont jamais manqué : Allemands sur les fronts de la Grande Guerre, brigands au détour des sentiers perdus du continent asiatique, soldats japonais lors de l’occupation de Pékin au cours de la Deuxième Guerre mondiale ; mais aussi censeurs romains et autorités ecclésiastiques qui l’ont condamné au silence… et, sans doute aussi, collègues scientifiques peu sensibles à son charme naturel ! Le tour du monde des amis de Teilhard de Chardin n’en demeure pas moins un voyage aussi instructif que passionnant. En voici quelques étapes.
 
Commençons, afin de ne pas l’oublier, par l’ami de la mer Rouge. Nous sommes en hiver 1928. Deux ans auparavant, à la suite d’une « Note sur quelques représentations historiques possibles du Péché originel » (rédigée en 1922), les autorités romaines le contraignent à signer une profession d’orthodoxie sur ce dogme et d’abandonner son enseignement de géologie à l’Institut catholique de Paris. Il part alors pour la Chine, au service du Musée d’Histoire naturelle de Tientsin, fondé par le Père Émile Licent. Après un séjour en France d’octobre 1927 à novembre 1928, il fait halte, lors de son retour en Chine, en Somalie et en Abyssinie, où il retrouve son «ami l’Éthiopien, le pirate Henry de Manfreid». Qu’il sillonne le golfe de Tadjoura sur le boutre de l’aventurier ou se coiffe d’un turban «pour ne pas effaroucher les indigènes de ces tribus restées extrêmement sauvages», le désir de Teilhard est le même : ne pas laisser perdre une occasion d’expérimenter et de chercher, non seulement les coraux et les poissons, les couches géologiques et les ossements, mais aussi l’humain.
 
La Chine lui fournit maintes occasions de le faire et maints «spécimens» d’humanité… en dehors du Sinanthrope (voir encadré) ! La découverte de Sinanthropus pekinensis, en décembre 1929, dans des couches géologiques du Quaternaire (400 000 ans) dont il a assuré l’étude, n’est pas seulement le fruit d’une collaboration entre plusieurs institutions scientifiques avec lesquelles le jésuite collabore : le Service géologique de Chine (d’origine chinoise-américaine-suédoise), l’Institut médical Rockfeller (américain-chinois) ou encore l’Université chinoise libre. Cette découverte est aussi l’occasion de nouer de belles amitiés avec d’autres chercheurs. Lorsque l’un d’entre eux, Davidson Blake, meurt brutalement, en mars 1934, «entre le Sinanthrope et l’Homme de la grotte supérieure, parmi ses cartes et ses livres», Teilhard écrit à l’abbé Breuil, autre paléontologue célèbre: «J’ai perdu là plus qu’un frère (…). Il y a dans cette mort un élément irréparable (…). Une belle mort en plein élan, mais un vide terrible. On va serrer les rangs pour continuer le travail. Mais quelle chose stupide, en apparence, que la vie».
 
Devant le corps de son ami, il jure « de lutter plus que jamais pour donner une espérance au travail et à la recherche humaine». C’est une amitié forte, intellectuelle et personnelle, qui se scelle, dix ans plus tard, en 1946, entre Teilhard et le biologiste agnostique Julian Huxley, devenu en 1947 directeur général de l’Unesco. Jusqu’en 1955, les deux hommes ne cessent pas d’échanger et de confronter leurs idées. «Nous sommes frappés – dit Teilhard de leurs propres idées – par le rassemblement révolutionnaire de l’Humanité sur elle-même, et par le développement, à l’intérieur de cet ensemble totalisé, d’un réseau ramifié de cultures et de credos, qui reproduit curieusement, en milieu pensant, les divers types de la phylogenèse* zoologique». Sans doute, là où le rationaliste Huxley ne voit qu’une accumulation, une confluence biologique, le catholique Teilhard parle de convergence et de complexification ; du moins, à travers leur amitié, quelques éléments du dialogue entre la tradition chrétienne et la culture scientifique moderne sont posés.
 
«Vouloir être homme jusqu’au bout», lui répète Teilhard de Chardin, lorsque son jeune confrère ne voit plus très clair dans sa vie, en particulier lors de leur séjour forcé en Chine, sous l’occupation japonaise. «Pars courageusement, laisse toutes les villes», ajoute-t-il en citant Alfred de Vigny. Teilhard partage avec Leroy une amitié que l’on pourrait qualifier d’aventurière et de scientifique : si l’aîné participe seul à la Croisière jaune, organisée par Citroën entre mai 1931 et février 1932, les deux jésuites collaborent ensemble à de nombreuses expéditions de fouilles en Extrême-Orient, dans le cadre des institutions citées précédemment ou de l’Institut de Géobiologie qu’ils fondent tous les deux à Pékin en 1940. À cette dimension «active» de leur amitié, s’ajoute, pourrait-on dire, un compagnonnage spirituel. Sans doute, Leroy n’est pas seul dans ce cas, l’amitié chez Teilhard étant sans bornes, y compris dans la Compagnie de Jésus ; mais son témoignage est précieux pour mieux approcher les fondements de l’amitié vécue et partagée par son aîné.
 
Cette amitié a un double sens. Un sens humain et un sens cosmique. Pour le comprendre, il faut rappeler la manière dont Teilhard de Chardin conçoit l’humanité. «L’Homme – écrit-il dans Le Phénomène humain écrit de 1938 à 1940, remanié en 1947 et en 1948, mais seulement publié en 1955 après la mort de son auteur – non pas centre de l’Univers, comme nous l’avions cru naïvement, mais, ce qui est bien plus beau, l’Homme flèche montante de la grande synthèse biologique. L’Homme constituant, à lui seul, la dernière-née, la plus compliquée, la plus nuancée des Nappes successives de la Vie». La vision de Teilhard de Chardin est celle d’un évolutionniste : l’Évolution, explique-t-il dans Le Phénomène humain, est une lumière qui éclaire tous les faits, «une courbure que doivent épouser tous les traits». Dès lors, le monde a une histoire, il connaît un développement, de la matière la plus élémentaire à la complexité la plus grande, en l’occurrence l’Homme. Avec l’apparition de l’humanité, en effet, le pas de la pensée est franchi : la conscience, déjà présente dans la matière, mais encore enfermée dans les instincts du vivant, peut enfin se déployer librement. Et c’est dans ce cadre, cette «Noosphère *», que l’amitié trouve son explication.
 
L’amitié, explique Teilhard de Chardin dans son Esquisse d’un Univers personnel écrit en 1936, n’est pas l’amour-passion qui se porte avant tout sur les personnes elles-mêmes, dans une quête exclusive. L’amitié, au contraire, demeure ouverte à une multiplicité croissante. L’individu n’est pas oublié ou nié ; seulement, il rejoint un intérêt commun : la poursuite d’un idéal, la défense d’une cause, les péripéties d’une recherche. Non pas la pénétration de l’un dans l’autre, précise-t-il, mais plutôt le progrès à deux dans un monde nouveau ; autrement dit, un Quelque Chose englobe les personnes. Cette «affinité plus ou moins confuse qui nous relie psychologiquement au Tout qui nous enveloppe», Teilhard de Chardin l’appelle le «Sens cosmique». Conscience du Tout de cet univers qui n’est finalement rien d’autre qu’un amour, non plus celui de l’homme et de la femme ou celui qui existe entre deux amis, mais celui qui nous porte à aimer l’Univers parce que ce dernier converge vers un Centre ultime, une Personnalité suprême, le Point Oméga*, le Premier Moteur en Avant et finalement le Christ lui-même. «Le grand événement de ma vie, écrit-il dans L’Étoffe de l’univers (1953), aura été la graduelle identification, au ciel de mon âme, de deux soleils : l’un de ces astres étant le Sommet cosmique postulé par une Évolution généralisée de type convergent ; et l’autre se trouvant formé par le Jésus ressuscité de la foi chrétienne».
 
Cette belle et audacieuse spiritualité a effrayé les autorités de son temps : la condamnation de 1926 marque le début de près de trente années «de méprise et de malentendu», selon les propres mots de Teilhard de Chardin, à propos de toute sa réflexion non strictement scientifique. Des années d’un silence exigé par ses supérieurs romains «tandis que ses supérieurs immédiats, qui l’aidaient loyalement à obéir, l’encouragent dans sa recherche silencieuse et partagent son espérance» (René d’Ouince). Il tente à plusieurs reprises de soumettre à la censure des ouvrages comme Le Milieu divin ou Le Phénomène humain. Peine perdue : interdit de publication de son vivant, il n’a jamais réellement reçu ce dont tout chercheur a besoin pour poursuivre son travail, les lectures critiques de ses contemporains. Frustration immense pour un penseur aussi humain et riche en humanité et en amitiés que Teilhard de Chardin.
 
Préoccupations : le Sens cosmique de l’univers et la place du Christ parmi les hommes
 
Pierre Leroy est un témoin privilégié de cette préoccupation incessante de défendre le Sens cosmique de l’univers et de mettre en évidence la place du Christ au milieu des hommes et de leurs activités. Et ce, malgré les crises d’angoisse que traverse parfois le jésuite, les défenses de ses supérieurs, les aléas d’une vie aventureuse. «Le salut pour nous est en avant, au-delà des rapides», écrit-il encore dans son Esquisse d’un Univers personnel. «Pas de recul. Mais une main sûre au gouvernail, et une bonne boussole». À la même époque, Dominique Dubarle, un dominicain, écrit dans une perspective assez analogue : «Nul n’est plus optimiste que le chrétien, car il connaît la vocation de l’être et l’énergie de la grâce, qui en procure l’accomplissement. En un sens cependant, nul n’est plus pessimiste, si l’on veut dire par là plus aigu dans la pénétration des détresses qui affectent l’existence et des menaces qui pèsent sur elle».
 
Ce bref portrait de Teilhard de Chardin (y compris théologique), par le biais de ses amitiés, ne serait pas complet sans l’évocation des amitiés féminines du jésuite. Un dossier délicat qui a conduit des amis à différer la publication de certaines parties de sa (riche) correspondance ; pourtant, là encore, le témoignage d’une belle humanité croyante. Nombreuses sont en effet les femmes qui ont compté dans la vie de Teilhard de Chardin. De sa mère («Chère et sainte maman, je lui dois le meilleur de moi-même !») à sa cousine et «correspondante de guerre» Marguerite Teilhard Chambon, de la philosophe Léontine Zanta («Comme vous êtes une chose précieuse et rare») à l’artiste Lucile Swan, les femmes ont toujours tenu une place centrale dans le cheminement du jésuite… même si, à l’occasion, il a reconnu qu’il y avait «beaucoup trop de jupons autour de [moi]» ! Son charme naturel et son côté «vieille France» y sont certainement pour quelque chose. Mais il y a également chez Teilhard de Chardin la découverte puis la conviction que «le Féminin authentique et pur est, par excellence, une Énergie lumineuse et chaste, porteuse de courage, d’idéal, de bonté = la bienheureuse Vierge Marie».
 
Teilhard vu par H. de Monfreid
« ..Nul n’a échappé à cette sublime influence, et les pires devinrent meilleurs, réhabilités à leurs propres yeux par la généreuse confiance que leur accorda cet homme qui savait voir au plus obscur de leur âme, non pour les juger, mais pour y découvrir des vertus latentes, pour faire jaillir de cette ombre des reflets inattendus, comme un éclat de diamant, perdu dans l’immondice, brille tout â coup au rayon d’une étoile. Combien de malheureux découragés, aigris et révoltés… combien de ces déshérités, pervertis et perdus par le mépris d’eux-mêmes ont été réconfortés et sauvés par cet homme au limpide regard, qui savait ranimer les consciences mortes comme jésus de Nazareth ressuscita Lazare.. »
 
..(Chez Teilhard) le savant et le prêtre ne s’opposèrent jamais. Le chercheur et le mystique se complétèrent au service de l’unique mission de l’Église que Teilhard comprit toujours par son plus grand angle : « Etendre le règne de Dieu aux peuples nouveaux, c’est bien. Il est mieux encore, et plus direct, de le faire pénétrer jusqu’au cœur profond de l’humanité. Si nous arrivions à implanter en ce point précis l’amour de Jésus-Christ, nous serions stupéfaits en voyant le torrent des peuples qui reflueraient spontanément vers Jérusalem » (EP, 67).
 
Teilhard vu par Yves Coppens
” Au point où nous en sommes parvenus de nos connaissances en paléontologie générale, il paraît surprenant que l’Afrique n’ait pas été identifiée du premier coup comme la seule région du monde où rechercher, avec quelques chances de succès, les premières traces de l’espèce humaine”. Ainsi s’exprimait, avec une extraordinaire clairvoyance, Pierre Teilhard de Chardin en septembre 1954 à New York.
 
Je ne peux m’empêcher d’imaginer quel intense bonheur c’eût été pour Pierre Teilhard de Chardin de vivre cette toute récente période. Si je commence par cette citation prophétique et par un bref bilan de ce que nous avons découvert et appris depuis la mort du Père Teilhard de Chardin, c’est bien sûr pour lier le monde des connaissances des années 50 à celui que nous sommes en train de vivre. Mais c’est aussi pour rappeler que Pierre Teilhard de Chardin fut d’abord un paléontologiste.
 
Teilhard vu par Joël de Rosnay
Teilhard de Chardin a été un grand précurseur de la pensée complexe. Il a eu le mérite de prolonger la notion de biosphère par celle de noosphère, l’interconnexion des cerveaux humains par ce qu’il connaissait à l’époque, à savoir le téléphone, le télégraphe, et la télévision naissante. S’il avait connu l’internet, il aurait sans doute compris que le phénomène était encore plus profond, et que nous étions en train de construire progressivement “de l’intérieur”, un cerveau par interconnexion de synapses (les ordinateurs et leurs modems). D’ailleurs beaucoup de chercheurs qui travaillent dans l’optique du “global brain”, qu’ils soient russes, américains, japonais ou européens, citent très souvent Teilhard de Chardin dans leurs travaux.
 
Teilhard vu par Pierre Leroy sj
La Chine, c’est aussi le temps du grand ami et frère dans la Compagnie de Jésus, Pierre Leroy. Avant d’être le confident et même l’alter ego (Claude Rivière l’appelle malicieusement Pierre II), le Père Leroy a été le disciple de Teilhard de Chardin. Dans son journal, il raconte sa première rencontre avec son aîné : «Il me reçut dans une pièce austère [du Museum, à Paris, où il était collaborateur du professeur Marcellin Boule], située au sous-sol, mais où la lumière pénétrait par les grandes baies vitrées. La simplicité du Père me mit tout de suite à l’aise. Sans façon il me pria de prendre le fauteuil et s’assit familièrement sur le coin de la table. Avec bonté, il plongea son regard dans le mien. J’étais conquis. Je sentis que ce prêtre, inconnu de moi, était à ma disposition». C’était en 1928. Cette amitié durera jusqu’à la mort de Teilhard, et quiconque a rencontré Pierre Leroy sait comment il parlera avec chaleur et reconnaissance de son grand ami, jusqu’à sa propre mort, en 1992.

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